L'histoire :
Assis dans la pénombre le visage fermé, Bob Reynolds attend patiemment son heure. Face à lui, le mouvement de balancier régulier d'une étrange machine aux allures d'horloge futuriste. Cet appareil appelé conflucteur lui permet une fois par jour de retourner dans un monde où Sentry existe, mais cela uniquement dans sa tête. Soudain un bruit se fait entendre et Reynolds cède sa place au puissant Sentry qui fait son apparition dans un New-York envahi par une armée d'ombres vivantes monstrueuses. La situation semble désespérée jusqu'à ce que la cavalerie débarque composée du fougueux Scout, du fidèle Watchdog et de la pétillante Sentress. Il apprend alors que l'invasion est dirigée depuis le cœur de la lune par son plus terrible ennemie, Void. Lancé tel une comète, il atomise l'astre et démembre l'obscur vilain avant même que celui-ci ait le temps de finir sa phrase. Félicité par ses compagnons, il se dépêche de rentrer en promettant de revenir au plus vite. De retour dans le monde réel, Bob reprend sa morne routine quotidienne. Très surveillé pour s'assurer qu'il respecte ses engagements, il veille à ne pas faire le moindre faux pas mais lorsqu'il rentre chez lui après une journée de travail épuisante, il découvre que le conflucteur a disparu. Il comprend que les ennuis ne font que commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réapparu depuis peu dans la série Doctor Strange Legacy, Sentry fait un retour lumineux au sein de l'univers Marvel. Sûrement l'un des super héros disposant de la plus grande puissance, celle-ci est contrebalancée par son dangereux dédoublement de la personnalité qui fait apparaitre sa face obscur à l'instar de Magus pour Adam Warlock. Aux commandes de ce one shot, nous retrouvons le surdoué et prolifique scénariste canadien Jeff Lemire qui excelle à traiter ses histoires sous un angle particulièrement original et résolument adulte. Il développe l'idée qu'en raison du caractère incontrôlable de sa puissance, Sentry se retrouve obligé de troquer ses pouvoirs contre un quotidien d'une désespérante banalité. Lemire nous fait ressentir la déchéance de Reynolds inadapté au monde réel et qui tel un junkie attend son shoot d’actions héroïques, seul capable de le faire se sentir enfin vivant. Chapitre après chapitre, la tension monte crescendo, distillée avec une noirceur de plus en plus palpable. Les dessins de Kim Jacinto et Joshua Cassara sont impeccables et arrivent parfaitement à créer une atmosphère à la fois sombre et dérangeante. Le trait est nerveux et les planches sont construites avec beaucoup de dynamisme permettant un enchainement parfait entre les scènes de combats épiques et les passages plus calmes d’introspection psychologique. Le caractère pesant et dramatique du récit nous tient en haleine dans cette descente aux enfers d'un héros hors du commun perdu entre réalité et vie fantasmée, en quête incessante de sa véritable personnalité. Pour un récit aussi sombre, le résultat est tout simplement brillant.