L'histoire :
A Sin City, la chaleur est suffocante, cette nuit là, presque poisseuse. Tout est tiède : la chambre minable dans laquelle je me trouve et la bière que je suis en train d’avaler. Avec ma gueule défoncée par les années et les coups, je me demande encore comment cette fille resplendissante a pu choisir de m’accompagner dans cette piaule misérable. Elle me fait ressentir quelque chose de nouveau, d’inédit pour moi. Et alors que son parfum me rappelle celui des anges, elle me souffle son nom : Goldie. Trois heures après, je me réveille, presque en sursaut. Mes intestins me signifient que quelque chose ne va pas. En regardant dans le lit, je me rends compte que Goldie est morte. Sa superbe poitrine ne bouge plus et lorsque j’y pense, je me demande encore comment celle-ci est venue auprès de moi. Pourquoi avait-elle été si gentille ? Pourquoi un tel sourire ? Brusquement, j’entends les sirènes de police tout près d’ici. C’est sûr, ils viennent pour moi. Qui les a rencardé ? Qui veut me foutre dans la merde ? Et surtout qui a tué Goldie ? Je ne sais pas encore qui c'est, mais je suis sûr d’une chose : c’est qu’il va morfler, comme jamais quelqu’un n’a morflé auparavant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La carrière de Frank Miller est absolument hors norme. Débutant en tant que dessinateur, il s’est rapidement imposé comme un scénariste brillant, capable de relancer des personnages moribonds comme DareDevil ou de leur apporter une dimension plus adulte comme sur Batman Dark Knight. Depuis longtemps, Miller avait voulu imposer une série de polar hard-boiled ; mais longtemps ses éditeurs lui ont refusé. En 1991, après les succès de ses derniers comics, il a enfin vu son projet aboutir. Sin City est le premier album d’une série de sept volets, sous-titré The hard goodbye. Miller y raconte l’histoire de Marv, un type pas vraiment fréquentable, qui est ultra balaise et psychologiquement assez instable. Pourtant, l’une des forces de l’album est de rendre ce personnage vraiment sympathique. Il a beau être super violent, il ne cesse de s’interroger sur ce qui se passe, parfois de façon philosophique. Miller réussit à captiver le lecteur grâce à une narration à la première personne extrêmement addictive. Une fois le titre entamé, il devient fort compliqué de s’arrêter avant d’en avoir découvert la fin. Celle-ci est d’ailleurs totalement mémorable et réussit l’exploit de conclure en beauté ce polar hors norme. L’auteur réussit à conjuguer les qualités du roman à un découpage graphique hallucinant. Pour Sin City, Miller a aussi repris ses crayons et cela fait plaisir à voir. Le choix du noir et blanc intensifie son jeu d’encrage et offre un pur délice visuel. De toutes ses expériences passées dans le comics, Miller a su tirer le meilleur et délivrer une nouvelle référence du genre. Captivant d’un bout à l’autre, ce premier voyage dans les ruelles de Sin City (une extrapolation des mégapoles américaines) est totalement jouissif. Cette nouvelle édition offre même une couverture inédite réalisée par l'auteur himself. Alors quand Miller vous invite à pareille aventure, il n’y a pas à refuser. Et puis comme dirait Marv : On s’connaît pas tous les deux, mais tu m’fais bien marrer !