L'histoire :
C'est son premier jour et le lieutenant James Gordon a tout de suite compris : Gotham est pourrie. Le genre de ville qu'on peut sans rougir comparer à l'enfer. Il ne s'inquiète pas pour lui car des horreurs, il en a vu d'autres. Mais il s'inquiète pour sa femme Barbara, qui est enceinte. À l'arrivée à la gare, il est accueilli par un gorille qui sera visiblement son collègue : l'inspecteur Flass. Cette armoire à glace essaie de le mettre à l'aise mais Gordon sent qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Ce n'est pas la seule personne qui arrive dans la ville et l'autre venue fait bien plus de bruit : il s'agit du retour du milliardaire Bruce Wayne. Après douze ans d'absence, son retour ne passe pas inaperçu mais Bruce refuse pour l'instant de le commenter. Alors que Gordon est accueilli par le commissaire Loeb à la mine blafarde et inquiétante, Wayne arrive au manoir et retrouve ce cher Alfred, le majordome de la famille. Le premier jour de travail commence pour Gordon. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la police ici a de drôles de méthodes ! Flass bout en conduisant la voiture de patrouille et ses conseils sentent la magouille à plein nez. La voiture s'arrête devant des jeunes qui sont en train de discuter. Flass sort et aborde un d'entre-eux, appelé Steve. Le dialogue commence à peine qu'il lui décoche un grand coup de poing. Le jeune subit un véritable passage à tabac, sous les yeux médusés de Gordon. Flass est un ancien béret vert et il aime visiblement montrer ses muscles. Il revient à la voiture, tout sourire, avec l'arme de Steve : un simple peigne qui ressemble à un opinel. Gordon se tait mais il a tout compris : sa mission s'annonce des plus compliquées...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le succès de l'audacieux Batman the Dark Knight returns, Frank Miller revient à la charge en 1986 en créant un autre récit du chevalier noir qui fera date. Cette fois, il ne s'agit plus de transposer le personnage mythique dans un futur où il a beaucoup vieilli mais de l'imaginer au contraire à ses tout débuts en tant que justicier de la ville de Gotham. Miller est un homme du changement et ce n'est pas la seule pirouette qu'il trouve ici. Le scénario est en effet beaucoup plus simple et repose totalement sur une ambiance polar délicieuse. Les différentes voix off, de celle de James Gordon à celle de Bruce Wayne, sont des modèles du genre. Frank Miller a tout d'un romancier et sa construction narrative est parfaite, superbement huilée, spectaculaire tout en étant intelligente et profonde. Les remarques acerbes, le ton noir et désespéré imitent à la perfection les grands écrivains de romans noirs. Il prend en plus le parti de laisser le dessin à David Mazzuchelli et c'est à nouveau un choix gagnant. L'artiste livre une prestation de choix avec un visuel faussement simpliste mais qui nous baigne dans une ambiance polar rétro magnifique. Il suffit d'admirer les croquis en fin de tome pour comprendre que Mazzuchelli a délibérément épuré son style pour gagner en efficacité. Cette réédition n'apportera rien de plus que la version noir et blanc puisqu'elle est à la virgule près totalement identique. Black Label en profite pour rééditer tous les grands titres : si vous avez raté celui-là, vous n'aurez désormais plus d'excuse !