L'histoire :
Aux abonnés absents depuis plusieurs années, la conviction de la mort du chevalier masqué a fait son chemin dans le cœur des habitants de Gotham. Cependant, relayée par l’omniprésence des réseaux sociaux, la rumeur enfle autour d'un hypothétique retour de l'homme chauve-souris. Celle-ci est confirmée par une vidéo diffusée massivement par les médias, dans laquelle on peut voir Batman violenter un groupe de policiers. De son coté, Superman s'est retiré dans la froideur de sa forteresse de solitude, pour expier ses erreurs et n'est désormais plus qu'une statue de glace. Il y reçoit la visite de sa fille, Lara, adolescente rebelle à la puissance quasi divine et au caractère bien trempé, hérité des amazones. Un mélange explosif... Elle enrage de voir la déchéance de son père, un kryptonien mis à terre par les humains, qu'elle compare avec dédain à de misérables fourmis. Elle profite de son passage pour dérober la ville réduite de Kandor, dernière cité de la planète natale de Superman. Elle se rend alors chez le scientifique Atom, seul capable de redonner leur taille normale à ses habitants et ainsi la liberté dont ils sont privés depuis si longtemps. Le génie réussit son expérience et sauve les habitants. Effaré, il découvre de nombreux cadavres ensanglantés recouvrant le sol. Les victimes ont été fraichement assassinés. Une sorte d'illuminé apparait accompagné de ses disciples et proclame haut et fort la supériorité de son peuple. Ils ont soif de conquête et la première étape sera la terre ! Une planète a présent tellement vulnérable sans ses héros ...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque sortent en 1986 les premières pages de The Dark Knight returns, les lecteurs américains reçoivent un uppercut en pleine face, assené par Frank Miller. Ces mêmes lecteurs, biberonnés aux confortables récits manichéens dès leurs plus tendre enfance, voient tous ces beaux idéaux détruits et le comics basculer dans l'age adulte. Une véritable onde de choc qui va bouleverser l'industrie du comics pour des décennies, un récit qui entre pour toujours au panthéon des classiques de la BD mondiale... En 2002, Miller décide de donner à son chef d’œuvre une suite très attendue. Pour les fans de la première heure, la douche sera aussi froide qu'une baignade hivernale dans les profondeurs du lac Baïkal... En effet, les attentats de 2001 vont être un terrible traumatisme pour Miller et cela va se ressentir dans son travail : le résultat est indigeste, la faute notamment à un dessin épuré à son paroxysme et à la limite du caricatural. Après avoir eu la rétine brulée par ces dessins, on peut comprendre l’appréhension de certains à l'annonce d'un troisième cycle. Affaibli par de graves problèmes de santé, Miller avait besoin d'une dream-team autour de lui. C'est chose faite avec des pointures dans chaque domaine, comme Azzarello au scenario, Andy Kubert au dessin et le fidèle Klaus Janson à l'encrage. L'histoire reprend des thématiques déjà présentes dans les précédents opus, comme la question du contrôle des masses par les médias, la démagogie et la lâcheté des politiques (avec un Donald Trump en guest star) et la question de la montée des populismes. Mais ici, tout n'est pas qu'obscurité et l'on découvre des questionnements en filigrane sur la famille, la transmission des valeurs de tolérance et d'humanisme. Le récit est certes toujours sombre, mais la rédemption est possible et l’étincelle de l'espoir bien présente. Le graphisme de Kubert réussit l'exploit de rendre hommage au talent de Frank Miller, tout en gardant son propre style. C'est un vrai délice de lecture. L'édition tant attendue en intégrale est agrémentée de nombreux bonus et offre un magnifique écrin à la hauteur de ce récit passionnant !