L'histoire :
Astral City a été le théâtre, il y a une dizaine d'années, d'une terrible bataille entre Anti-Dieu et les super-héros qui protégeaient la ville. Black Hammer y a laissé la vie et le reste de ses compagnons a été exilé dans une dimension parallèle, sans qu'ils puissent revenir dans leur ancien monde. Placés sous le leadership d'Abraham Slam, ils vivent dans une petite bourgade rurale, sous une forme physique qu'ils n'ont pas choisie et se doivent de feindre une vie tranquille. Tous commencent à broyer du noir, à l'exception d'Abraham, qui a lié des sentiments avec Tammy et décide de les clarifier aux yeux des autres. Mais la tension s'installe dans le couple quand cette dernière fait part à son compagnon de son intention de l'emmener avec elle au delà du périmètre qui leur est imposé. Tammy ignore en effet tout de leur histoire passée. De plus, Lucy, la fille de feu Black Hammer, arrive parmi eux. Sa présence est totalement inattendue et elle soulève de nombreuses interrogations parmi lesquelles la plus importante : existe-t-il un moyen de passer d'un monde à une autre ? Serait-il possible qu'ils réintègrent leur dimension originelle ? A peine arrivée, voici que Madame Dragonfly, qui vit isolée du reste du groupe, dans une sombre cabane, efface la mémoire de l'enfant ! Pourquoi la sorcière a-t-elle fait cela ? Que peut donc motiver un tel acte et quel secret est-il destiné à cacher ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Black Hammer est une histoire imaginée il y a fort longtemps par Jeff Lemire, avant que le scénariste canadien ne devienne un auteur référence dans l'industrie des comic books. Remarqué en 1er lieu par Monsieur Personne, puis Essex County, il est désormais prisé par les éditeurs et aimé des lecteurs. La qualité de cette série lui a valu un Eisner. Black Hammer est en effet un formidable hommage à la mythologie des super-héros, qui se situe à mi-chemin entre le fantastique et le genre auquel il se réfère. Mais on retrouve dans la narration tout ce qui nous a plu quand l'auteur était estampillé «indépendant». Alors certes on se régale des innombrables références, mais c'est surtout le mystère et les interactions complexes entre les personnages qui en font tout le sel. Bannis dans une petite bourgade aux airs ubuesques, tous ces anciens super-héros sont tiraillés entre l'idée d'accepter leur sort et celle de retrouver leur monde. Jeff Lemire est un as de la psychologie des personnages et si toutes les clés ne sont pas encore délivrées, on est séduit par la cohérence et la solidité qui se dégagent, chapitre après chapitre. Le récit alterne en permanence entre les scènes qui se situent dans le présent (ce que vivent les personnages) et le passé (du temps où ils défendaient Astral City). Le procédé est récurent mais il ne lasse jamais, offrant ainsi deux plans simultanés de lecture. C'est l'occasion pour Dean Ormston de montrer l'étendue de son talent. Son trait est élégant et les flashbacks sont l'occasion d'adopter une charte graphique rétro du plus bel effet. Bien sûr, le dernier épisode s'achève par un cliffhanger de toute beauté. Un second volume qui enfonce le clou !