L'histoire :
Depuis déjà dix ans, Abraham Slam s'occupe et nourrit chaque bête présente dans sa ferme. Celui-ci a aujourd'hui l'apparence d'un vieil homme paisible, mais autrefois il était un super-héros, de ceux qui ont affronté des tonnes d'ennemis. Un jour, alors que lui et d'autres combattaient l'Anti-Dieu dans la ville de spiral City, ils furent téléportés dans un petit village, sans possibilité de dépasser un certain périmètre. Afin de conserver leurs identités secrètes aux yeux des habitants, ils formèrent une famille. Abraham joue au grand-père, Gail à la petite fille, alors qu'elle a plus d'une cinquantaine d'années. Mais elle est aidée par son apparence restée juvénile. Barbalien, un être venu d'une autre planète, joue son fils et prend l'apparence d'un homme lambda. Cela est plus difficile pour le Colonel Weird qui a une forme spectrale ; et pour Talky-Walky qui est une machine. Quant à Dragonfly, elle se terre dans une cabane non loin de la maison principale. Tous essaient de ne pas attirer l'attention, cherchant un moyen de quitter cet endroit. Ils partent souvent en ville faire des courses et Abraham s'est même trouvé une petite amie avec Tammy, la serveuse du diner et aussi ancienne femme du shérif. La paix offerte par ce cadre va t-elle leur convenir encore longtemps ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme le confie Jeff Lemire dans la préface de l'album, Black Hammer est un projet que l'auteur canadien traîne depuis des années, bien avant qu'il ne travaille pour Marvel ou DC Comics. Lemire est installé aujourd'hui dans le cœur des lecteurs (et des éditeurs !) comme une valeur sûre, il a ainsi pu sortir ce titre qu'il chérissait tant. Black Hammer est une véritable déclaration d'amour au registre super-héroïque, un hommage intelligent et sensible. L'histoire nous présente plusieurs justiciers qui, suite à un combat avec un ennemi surpuissant, se sont retrouvés au fin fond de la campagne, près d'un petit village. Or, dix ans plus tard, ils sont toujours là, dans l'obligation de ne pas dépasser un certain périmètre. Lemire est un auteur malin. Plutôt que de nous montrer de sempiternelles scènes de combat spectaculaires et grandiloquentes, il préfère nous parler des personnes derrière le masque, ces individus qui ont tout donné pour sauver le monde et qui se retrouvent cloisonnés dans un rôle qui ne leur convient pas. C'est sur le plan humain qu'on va redécouvrir tous ces personnages, la solidarité qui les unie, leur passé, etc. Lemire livre un récit aussi captivant que touchant, tout en multipliant les allusions aux comics de genre, ne se limitant pas forcément à ceux de super-héros, par ailleurs. Black Hammer est d'une richesse permanente, chaque épisode apporte un éclairage nouveau et différent sur le précédent. Formidablement mis en scène par Dean Ormston, ce premier album est réjouissant. Le dessinateur use de différentes approches selon la période suivie, Dave Stewart jouant de ses couleurs pour permettre une meilleure appréciation des séquences. Lemire est décidément l'artiste le plus régulier et inspiré de ces dernières années dans l'industrie du comics.