L'histoire :
Gideon Falls est en effervescence : douze morts en moins d’un mois ! Et maintenant, c’est au tour d’Abel Lacroix de disparaître ! Quelques villageois sont furieux et viennent demander des comptes au shérif : il faut réagir tout de suite avant qu’il ne soit trop tard. Le shérif a peur d’une révolte qui ferait couler encore plus de sang mais il n’a pas le choix. Il faut suivre la seule piste qu’ils ont : un témoin a indiqué savoir qui est l’assassin. C’est Norton Sinclair ! Ils se rendent donc chez lui et arrivent devant une grange d’où une étrange lueur rouge vermeil sort. Le père Burke les suit mais il est envahi par un sombre pressentiment. Le shérif ouvre la porte de la grange : le spectacle qu’ils voient dépasse l’entendement. Une lueur rouge inquiétante baigne toute la pièce, des étranges cercles noirs flottent au-dessus du sol et un homme est prostré sur le corps d’Abel qui gît sans vie, dégoulinant de sang. L’inconnu se redresse avec un sourire carnassier et édenté, visible à cause de la lumière rouge vive. Le démon ricane et actionne un levier. Le père se trouve propulsé dans un autre temps et un autre lieu. Il se réveille en plein milieu d’un désert aride, seul. Après quelques heures de marche, il arrive dans une ville façon far-west. Rien n’a vraiment changé puisqu’il voit sur la place centrale des corps couverts de sang. Dans le saloon, il demande ce qu’il s’est passé : l’assassin s’est enfui et le shérif et quelques habitants le poursuivent. L’homme d’église demande où ils se trouvent : le barman répond qu’ils sont à Gideon Falls...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La grange noire... ce lieu terrifiant n’a pas fini de nous hanter. La série Gideon Falls joue de plus en plus avec nos nerfs au fur et à mesure que les tomes s’enchaînent. Désormais, cette mystérieuse entité démoniaque joue avec l’espace et le temps. Et c’est la narration qui éclate comme les nombreuses planches où Andrea Sorrentino dessine des multitudes de petites cases qui se décompensent dans l’air. Jeff Lemire nous fait frémir et semble prendre plaisir à faire monter le démon. Quelques scènes sont de plus en plus cauchemardesques et l’on peut compter sur l’audace de Sorrentino pour provoquer l’effroi et le dégoût. Ce tome reprend également une narration plus construite qui joue sur les parallélismes et les répétitions en fonction des sauts dans le temps. Ainsi, les personnages que l’on suit d’habitude se retrouvent propulsés dans l’histoire de l’autre groupe et inversement : Norton dans le Gideon Falls du père Fred et ce même père dans le Gideon Falls de Norton. Inquiétant, terrifiant, envoûtant, étouffant, fascinant : les adjectifs ne manquent pas pour caractériser cette série horrifique. On peut toutefois rajouter le mot « lent » car au final, on se demande bien quand ce cauchemar va vraiment s’arrêter. Le jeu du chat et de la souris orchestré par ce démon (on ne sait d’ailleurs toujours pas ce que c’est véritablement) peut se décliner à l’infini sans qu’on y trouve véritablement d’issue. Il en va de même pour le graphisme de Sorrentino, toujours aussi crépusculaire, qui surprend moins et qui semble un peu moins créatif. Mon père, quand nous délivreras-tu du Mal ?