L'histoire :
Norton est à la recherche de tous les fragments possibles pour reconstituer la porte. Cette fameuse porte de la grange noire. Cette fois, il a de l’aide : sa psychiatre le docteur Angie Xu. Ils trouvent encore quelques éléments et les amènent chez Norton. Mais le plus dur va commencer : comment reconstituer tous les morceaux ? C’est comme assembler un puzzle gigantesque sans avoir aucun modèle ni image. Angie le rassure : elle ne le laissera pas tomber et elle va l’aider à exécuter son plan. Mais ils sont interrompus quand on frappe à la porte d’entrée. Des hommes en blouse blanche rentrent et enlèvent Norton de force. Xu essaie de le défendre mais le docteur Kadri lui fait la morale. Elle est tombée amoureuse de son patient selon lui et elle ne doit plus avoir de contact avec lui. Elle a beau protester, les hommes embarquent Norton sans ménagement. Kadri est inflexible et enferme Norton dans une cellule capitonnée. Il a d’autres projets pour lui désormais et personne ne l’empêchera de les accomplir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gideon Falls, la grange noire... autant de mots qui ne peuvent que vous glacer le sang si vous avez lu ces deux premiers tomes orchestrés par Jeff Lemire. Cette série horrifique a tout d’une épreuve tant le propos est sombre et ténébreux. On s’attendait à avoir des révélations dans ce deuxième opus mais on s’enfonce encore plus dans les ténèbres et l’inattendu. Les recherches de Norton et le père Fred tournent au cauchemar. Jeff Lemire fait du Stephen King en multipliant les scènes d’effroi et de terreur psychologique. Certains passages sont vraiment marquants grâce aux dessins d’Andrea Sorrentino, qui joue de plus en plus avec nos nerfs. Lui seul peut représenter cet enfer visuel puisqu’il ose toutes les audaces : entre cases qui se démultiplient, qui jouent sur la destruction ou des couleurs saturées, le comics est une expérience visuelle inédite. Certaines pages reprennent même les tests de Rorschach en mêlant habilement la symétrie et le parallélisme entre deux récits. La réalité se tord et se déforme progressivement et il est difficile de démêler le tout. Lemire se réclame de David Lynch et on voit bien en effet que la démence et le bizarre gagnent même la forme du récit. On finit un peu frustré de ne pas encore savoir ce que cache cette horrible grange mais heureux d’avoir frissonné comme jamais. Une expérience de lecture folle.