L'histoire :
Mangeur d’ombres : Il a besoin de réfléchir et cet endroit sera parfait pour faire le point. Une petite maison tranquille, à l’abri des regards et à l’écart de tout, c’est exactement ce qu’il lui fallait. Son téléphone sonne : il s’agit de Sarah. Elle s’inquiète déjà et veut savoir s’il est bien arrivé. Il répond assez sèchement que tout va bien et qu’il faut lui laisser un peu de temps pour qu’il réfléchisse à tout ça. Il a aussi besoin de temps pour commencer l’écriture de son scénario. Alors qu’il installe ses affaires, il reçoit un autre message. Cette fois, il s’agit de sa maîtresse et elle insiste pour venir lui rendre visite. Ce break s’annonce déjà compliqué...
Le passage : John Reed n’aime pas la mer et il est proche du malaise. Et pour cause : sa maman est morte noyée alors qu’il était tout jeune. Le conducteur le rassure : ils arrivent enfin à proximité de l’île. On voit l’immense phare jaillir de la terre. Arrivés sur la Terre ferme, les deux hommes appellent Sally. C’est elle qui reste sur l’île depuis des années et qui s’occupe du phare. John paie le matelot avant qu’il ne reparte et Sally l’emmène ensuite au fameux trou. Reed travaille dans le forage et elle a signalé ce gigantesque trou à sa société. Reed doit désormais se renseigner. Mais une telle excavation est étonnante, d’autant qu’on n’entend pas un seul bruit quand on y jette une pierre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jeff Lemire et Andrea Sorrentino multiplient les projets ensemble. Après Primordial, les voici à nouveau réunis pour cette nouvelle série horrifique, Le mythe de l’ossuaire. Les deux compères ont déjà proposé le glaçant Gideon Falls et on sent dès les premières pages que le registre fantastique les chatouille à nouveau. La série se base sur des mini récits. Chacun d’entre eux se répondront, comme si le surnaturel inquiétant prenait petit à petit du sens en recoupant les images cauchemardesques que l’on découvrira au fur et à mesure. Un projet qui rappelle celui de HP Lovecraft, bien sûr, mais avec une méthode différente. En effet, ici, le réel se fracture progressivement, mais la réponse donnée à l’irréel n’est pas rassurante pour autant. Le fantastique proposé est opaque et totalement inconnu. La méthode est déjà vue dans Gideon Falls évidemment et elle fonctionne à plein régime dans un format court. Chaque saynète est comme une mise à mort lente et inéluctable de nos certitudes et de la réalité. On bascule petit à petit dans une incompréhension qui suscite le malaise et qui laisse planer le doute : le personnage devient-il fou, victime d’hallucinations, ou assiste-t-il à un phénomène surnaturel et inédit ? Lemire se régale à nous faire peur, même s’il faut bien le reconnaître : on le préfère dans un format plus long et au cours de récits plus structurés. Mais le vrai pouvoir mortifère qui fait basculer l’histoire dans un cauchemar, c’est Andrea Sorrentino qui le détient. Son art est particulièrement génial quand il s’amuse à déconstruire le réel, le récit et son propre art. Cette fois, il emploie des techniques beaucoup plus subtiles et tente de coller un peu plus au réalisme pour mieux le détruire par la suite. Par son style unique, on plonge dans les méandres de la folie ou de la peur. Tremblez mortels, car Sorrentino va hanter vos nuits !
