L'histoire :
Il prie avec sa famille pour ce nouveau repas. Il prend le soin de remercier Dieu de les protéger dans un tel contexte. Mais il n’a pas le temps d’achever sa litanie car un bruit se fait entendre hors de la maison. L’homme bondit aussi rapidement qu’un chat et prend une grosse mitraillette. Des coups de feu démarrent de l’extérieur et pulvérisent la fenêtre du salon. Ils ont à peine le temps de se cacher derrière la table renversée. Le père prend malgré tout quelques instants pour cacher le petit Thomas dans le placard. Il lui confie un fusil à canon scié et le met en garde. Il devra tirer si quelqu’un ouvre cette porte mais qu’il prenne garde : cette arme n’a que deux coups. La maman a à peine le temps de dire des mots d’amour que son mari ferme la porte du placard. Désormais, c’est un bruit terrifiant qui retentit et vrille les tympans de Thomas. Des fusillades incessantes et des bruits sourds de corps ou d’objets lourds qui tombent. Mais finalement, ce n’est pas le pire de ce qui attend Thomas. Car après toute cette horreur, c’est un grand silence qui s’ensuit. Et avec ça, une angoisse insupportable. Ses parents sont-ils encore en vie ? Peut-il sortir sans danger ? Un bruit de pas se rapproche du placard. Il se souvient des mots de son père et au moment où le loquet retentit, il tire vers la porte. Finalement, la porte s’ouvre et un homme qui ressemble à son père lui tend la main. Mais Thomas réalise vite qu’il a tué son père sans le vouloir et sa vie ne sera plus jamais la même.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Nomad en petit format et à petit prix n’en finit plus de se multiplier avec des rééditions de plus en plus nombreuses. Alléluia, dieu merci : Urban a l’idée lumineuse de rééditer le titre Punk Rock Jesus. Ce brûlot édité en 2012 est peut-être le plus beau chef d’œuvre de Sean Murphy, cet auteur qu’Urban est particulièrement fier d’avoir lancé. C’est d’ailleurs ce one shot qui propulse véritablement sa carrière et on comprend rapidement pourquoi. Scénario habité, engagement fort et sans concession , récit puissant et plein de rebondissements spectaculaires, tout est réuni pour un titre indépendant qui fera date. Murphy semble véritablement libéré avec cette uchronie où le clone de Jesus plonge dans la musique punk, où son garde du corps, ancien terroriste de l’IRA, mène une quête de justice à la Batman et où un organisme tentaculaire tire d’odieuses ficelles à la recherche frénétique de l’audimat. Tout est si parfaitement calibré qu’on reste sidéré à la lecture de l’ensemble, comme touché par une grâce divine. Quand on pense que Murphy se paie le luxe de réécrire le nouveau testament en foutant un coup de bombe pour taguer l’ensemble tout en tendant le majeur bien haut, on ne peut qu’applaudir pour ce cri du cœur ! Quand au reste, vous n’avez pas le droit de fermer les yeux : le dessin de Sean Murphy est juste fabuleux et la reprise en petit format ne gâche pas son trait prodigieux. C’est presque un miracle de fluidité et de détails qui créent un dessin marquant et si évocateur. On redécouvre en plus l’art unique de Murphy dans ce qu’il devrait toujours être : le noir et blanc. Béni soit Urban de nous faire réécouter la musique avant-gardiste de Punk Rock Jesus !
