L'histoire :
Dashiell Bad Horse sombre toujours un peu plus dans la drogue et la dépression. Lui n'a plus qu'une seule envie, en finir avec cette histoire et quitter pour de bon cette maudite réserve indienne. Et c'est le chef de la réserve en personne, Red Crow, qui va lui en donner l'occasion, bien malgré lui. L'expert M. Brass envoyé par les Hmong est toujours retenu prisonnier dans la réserve. Or Johnny Tongue, le chef de la secte, exige auprès de Red Crow l'immédiate libération de son protégé. Mais Red Crow, n'obéissant qu'à son code moral, décide de lui mettre une balle en pleine tête...Une grosse erreur, et il le sait, qui pourrait déclencher une guerre sur son propre territoire entre Hmong et Indiens. Pour Dashiell, l'agent infiltré par le FBI, c'est du pain béni : il va en effet disposer d'un prétexte pour faire tomber Red Crow. Sauf que Red Crow sait qu'une taupe se cache parmi les siens...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence à se savoir mais répétons-le encore une fois, Scalped est actuellement ce qui se fait de mieux, ou presque, dans le paysage du polar noir hardboiled. Délaissant une narration éclatée fait d'allers-retours temporels au profit d'un récit linéaire ici, Jason Aaron poursuit toutefois avec autant d'intensité l'exploration du mal à travers des personnages qui n'ont jamais été aussi dépravés, paumés, mauvais ou désespérés, mais toujours pénétrés d'un petit soupçon de lucidité qui les rend touchants. Oui, Scalped est plus glauque que jamais : des assassinats en forme de vengeance salvatrice, des personnages à la duplicité tragique ou magnifiques de désespoir, des figurants aussi complexes que sans illusions sur leur avenir, un suspens et une tension insoutenables, il n'en faut pas plus à nos deux auteurs pour faire de ce tome 6 le prélude à la chute finale, celle que tous auront précipité... Une vraie claque, d'autant que le dessin de Guéra a franchement gagné en puissance, en violence et en expressivité. A l'image des meilleurs films de genre, on retiendra les gueules d'écorchés vifs, les regards noirs des Hmong qui prophétisent la tragédie à venir ou encore les yeux exorbités des morts en sursis. Et ce pauvre Dashiell pris entre deux feux, vengeur mais captif infiltré du FBI, qui n'a pas d'autre choix que de tuer ou de dénoncer pour se sauver. Ultra rythmé grâce à un découpage nerveux, ce tome 6 se dévore d'une traite et maintient le cap d'une série qu'on aime toujours un peu plus à chaque nouvelle parution. C'est plutôt rare en BD. Qu'on se le dise, Scalped est une véritable référence.