L'histoire :
L'histoire reprend trois cents ans plus tard. Un jeune garçon aux bois de cerf, nommé Gus, fait des cauchemars éveillé qu'il ne comprend pas. Il voit une lueur, un étrange crâne avec des bois comme lui, et il voit le grand costaud qui le fixe. Il essaie de fuir, mais celui-ci se rapproche toujours plus. Père affirme à Gus que ce ne sont que des mauvais rêves, mais le jeune homme est persuadé que c'est autre chose, cela ne se produit pas la nuit... Père lui dit aussi qu'il est le dernier de son espèce, qu'il est spécial. Gus est seul avec Père, Nanny Wun et Nanny Tu au milieu de la forêt. Le domaine est encerclé par une clôture qu'il ne peut franchir, surveillé par des drones. Gus essaie d'oublier ces rêves, mais dernièrement, il sent quelque chose changer en lui, il ne peut en faire abstraction. Il sait qu'on lui ment, les histoires qu'on lui raconte ne sont jamais exactement les mêmes. Et maintenant, il n'est plus un enfant, il comprend certaines choses même si autour de lui, les gens continuent de l'infantiliser. Alors, il ment lui aussi à Père, même s'il sait qu'il n'a pas le droit... Et comme chaque jour, il reçoit le remède que lui a préparé Père. On lui a raconté la vérité il y a deux ans : une violente maladie a tué tout le monde sur cette terre, sauf Père et ses acolytes. Au cours de cette période, une nouvelle espèce est apparue : les hybrides. Ils ont pris le contrôle pendant un moment, mais ils ont fini par disparaître. Gus est le dernier. Mais ça, c'est ce qu'on lui a raconté : Gus sait que la vérité est toute autre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cinq ans après le troisième (et initialement dernier) tome de Sweet Tooth, Jeff Lemire renoue avec sa série phare. On aurait pu penser à une opportunité commerciale pour la sortie de ce tome, suite à l'adaptation en série télévisée diffusée sur Netflix il y a quelques mois (produite par Robert Downey Jr et supervisée par l'auteur du comics lui-même). Mais l'interview de Jeff Lemire en début d'ouvrage apporte une autre version : le tournage a ravivé chez lui des idées encore inexploitées, une envie de renouer avec cet univers qui lui est cher, mais aussi une volonté de véhiculer un message d'espoir dans une situation épidémique compliquée. Nous replongeons donc avec plaisir dans ce monde post-apocalyptique, où des hybrides côtoient les humains. Mais cette fois-ci, les rôles sont légèrement inversés : les hybrides contrôlent le monde, et les hommes doivent vivre dans leur ombre. On renoue avec les graphismes sombres de Jeff Lemire et des découpages qui sortent de l'ordinaire, mais aussi avec un duo illustrateur-coloriste qui fonctionne toujours aussi bien. La violence reste omniprésente, contrairement à l'adaptation télévisée critiquée pour son point de vue édulcoré, et l'on notera de nombreuses références aux opus précédents. Un quatrième tome avec un petit goût de nostalgie, qui propose une autre conclusion à la saga, dans un format beaucoup plus synthétique que les précédents, et qui reste convaincante.