L'histoire :
La vérité obsède Spider Jerusalem, un journaliste qui parvient toujours à l'obtenir d'une façon ou d'une autre. Sa ligne de conduite a fait de lui un auteur à succès qui a préféré se terrer loin de tout. Le souci est que Spider a encaissé une avance financière généreuse pour livrer deux bouquins à un éditeur. Ce dernier consent à lui laisser encore une année de délai mais il est clair que Spider doit revenir aux affaires. Pour avoir suffisamment de matière à l'écriture de ses livres, il cherche un journal acceptant de le reprendre. Une fois embauché, Spider cherche un sujet et il se penche sur un ancien musicien devenu le porte parole des transités, des êtres moitié humains moitié aliens. Fred Christ, c'est ainsi qu'il se fait nommer, souhaite obtenir une autonomie territoriale mais la seule réponse qu'il obtient du gouvernement est un message armé. De quoi intéresser Spider, qui tient là son sujet controversé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'univers des comics est souvent caricaturé comme étant le territoire des super héros Si les encapés occupent effectivement plus de 80% de la production, des récits différents sont produits régulièrement. Ceux-ci peuvent bien sûr être le fruit d'auteurs indépendants mais aussi d'artistes soucieux de conserver leur liberté de ton et de pensée en parallèle de leurs travaux pour les grosses firmes. Transmetropolitan est une œuvre atypique, celle d'un scénariste britannique inspiré comme jamais et qui donne parfois l'impression de régler au travers de son personnage principal, Spider Jerusalem, ses comptes avec les sujets qui le démangent. A l'origine, la série fut publiée en pleine crise du comics, en 1997, et après quelques numéros, celle-ci fut un véritable succès, permettant à l'auteur de déverser toute sa rage dans ses 60 épisodes. Urban Comics a choisi de rééditer ce chef d’œuvre en 5 intégrales réunissant chacune une année de publication de Transmetropolitan. Pour ce premier opus, les lecteurs qui ne connaîtraient pas encore le titre, découvriront un personnage atypique : Spider Jerusalem. Crâne rasé, des tatouages un peu partout, provocateur, dépressif, anarchiste. Les descriptifs ne manquent pas pour cet anti-héros. Tout dans Transmetropolitan joue la carte de l'irrévérence et de la transgression avec une inspiration rare. Warren Ellis décrit un futur effrayant à souhait et épingle politique, médias, religions et j'en passe. Son journaliste gonzo (pour son style subjectif et frénétique) met des coups mais vise juste à chaque fois ! Et puis, inutile de dire que la série bénéficie d'un humour noir, acide par moment, dans les dialogues ou les rebondissements, rajoutant encore une qualité à cette série qui en est déjà remplie. En plus, Warren Ellis est tombé sur un dessinateur talentueux en la personne de Darick Robertson. Celui-ci fignole chaque case et une pluie de détails illumine les décors. L'artiste est aussi inventif que son scénariste et s'éclate véritablement avec son chat à deux têtes, les transités, etc. Ce premier pavé de plus de 300 pages est une lecture moderne, drôle et violente à la fois. Effrayant et fascinant, Spider Jerusalem est aux comics ce qu'étaient les Rage Against The Machine au rock, une parole contestataire et juste d'un monde gangrené par les excès de certains.