Présent dans l'industrie des comics depuis plusieurs décennies, Rodney Ramos fait parti des encreurs réputés et reconnus. Célèbre, entre autres, pour son long run sur Transmetropolitan ou sur Green Lantern, il continue de travailler d'arrache pied et ce, auprès des éditeurs les plus importants. Alors qu'Urban Comics sort l'event 52, Rodney Ramos se rappelle à notre bon souvenir, lui qui a illustré plus de 500 épisodes durant sa carrière. De passage au Paris Manga et Sci-Fi Show, nous avons pu poser quelques questions à cet artiste sympathique.
interview Comics
Rodney Ramos
Bonjour Rodney Ramos, peux-tu te présenter aux lecteurs ?
Rodney Ramos : Mon nom est Rodney Ramos, je suis dessinateur et encreur dans l'industrie des comics depuis 25 ans. J'ai débuté pour Marvel Comics en tant qu'assistant de John Romita Sr. C'était mon patron et quand j'ai débuté, il m'a lancé une phrase du type : "c'est TA chance, mon garçon !". Il formait plein de nouveaux artistes. Tu travaillais dans son bureau et il jouait un peu le rôle des éditeurs en corrigeant les erreurs que l'on pouvait faire. John nous disait comment améliorer nos dessins et nous corrigeait si besoin. John Romita nous a permis d'arriver avec des bases crédibles auprès des éditeurs, suffisamment pour ne pas être broyés dès le départ et décourager derrière.
Comment décrirais-tu ton style ?
Rodney Ramos : J'ai une approche plutôt réaliste, même si j'aime bien faire du cartoony. Evidemment, lorsque je suis encreur sur un titre, je m'adapte à différents styles. Il me faut beaucoup d'échanges avec le dessinateur pour ne pas le trahir.
Quelles sont tes inspirations artistiques ?
Rodney Ramos : Lorsque j'étais à l'école d'art, j'avais un professeur de peinture. J'ai toujours aimé les comics mais il m'a introduit à un nouvel univers. Je me suis pris en plein face les Rembrandt ou Norman Rockwell. Il y avait un monde qui m'était inconnu et qui m'a toujours impressionné. Lorsque j'ai commencé à travailler pour les éditeurs, j'ai fait de l'encrage, du dessin, un peu de couleurs aussi mais je n'ai jamais eu l'opportunité de mettre en avant cet aspect-là de mon style.
En France, l'une de tes prestations les plus fameuses se trouve sur Transmetropolitan où tu encrais Darick Robertson. Que penses-tu de la série aujourd'hui ?
Rodney Ramos : Repenser à tout ce que l'on a fait sur ce titre avec mon ami Darick est incroyable. Transmetropolitan était une série déjà géniale à l'époque de sa sortie et je la trouve encore plus pertinente aujourd'hui. Rien que l'histoire était énorme à l'origine. Si tu n'as pas lu Transmetropolitan, tu devrais le faire au plus vite cher lecteur ! Sérieux, quand tu vois le monde actuel, quand tu vois le Brexit, le terrorisme et les conneries de politiques, tu ne peux qu'espérer voir débarquer un Spider Jerusalem un jour.
Une des choses les plus impressionnantes sur Transmetrpolitan, le niveau de détails est très élevé. Cela n'a t-il pas été difficile à gérer avec le rythme mensuel ?
Rodney Ramos : Ce qu'il faut voir c'est que c'est la même équipe qui travaillé sur la série du début à la fin. Je crois que ça nous a aussi motivé. Les gens détestent avoir une série où les artistes changent. Parfois, ça peut marcher mais souvent cela flingue la qualité du récit. Après, il y a des exceptions comme Walking Dead mais le fait que Charlie Adlard ait pris la suite de Tony Moore et soit toujours là après plus de 100 épisodes aide à faire passer la pilule.
Sur Walking Dead, Charlie Adlard a fini par passer la main et confier à Stefano Gaudiano l'encrage quand même !
Rodney Ramos : En fait, ça ne se voit pas. Stefano est juste génial. Il sait tout faire. C'est ce que je voulais dire. Si le visuel change, le titre bat de l'aile. Robert Kirkman et Charlie Adlard ont eu l'intelligence de prendre le meilleur gars pour ça. Il sait encrer tous les styles.
Tu as travaillé sur des récits de super-héros ou sur des titres plus réalistes. As-tu une préférence ?
Rodney Ramos : Les comics sont les comics, le reste je m'en fous. Je les aime tous. J'ai travaillé pour Vertigo sur des choses étranges et c'est aussi amusant à faire que de travailler sur du mainstream.
Tu as travaillé avec tellement d'artistes, quel est celui qui te laisse le plus beau souvenir ?
Rodney Ramos : En effet, il y en a eu quelques uns. [rires] J'ai collaboré avec Jim Starlin, John Byrne, Dave Gibbons... Tellement d'approches différentes que je ne garde que d'excellents souvenirs avec tout le monde.
Y a t-il un artiste qui t'a échappé et avec qui tu aurais adoré travailler ?
Rodney Ramos : George Perez ! Je lui dis à chaque fois que l'on se voit !
Si tu avais le pouvoir métaphysique de visiter l'esprit d'un autre artiste pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
Rodney Ramos : Ce serait Rembrandt. J'ai toujours eu beaucoup d'attachement pour ses œuvres et comme j'adore la peinture. Si je pouvais, je dirai aussi Léonard de Vinci, parce que c'était juste un putain de génie. Il a tout fait. Peinture, sculpture, créer.... Le Caravage aussi. Lui a même continué à peindre après sa mort [rires].
Merci Rodney !