Le nom de Gabriele Dell'otto est connu des amateurs de comics depuis quelques années. Auteur de nombreuses couvertures cultes et du célèbre crossover Secret War, cet amoureux de la peinture était de passage au festival d'Angoulême, en 2009. Durant un entretien très détendu, l'artiste s'est confié sans faux semblants et annonce que son prochain titre sera plus soigné encore. La sortie d'X-Force ne le fait pas mentir...
interview Comics
Gabriele Dell'Otto
Bonjour Gabriele, peux-tu te présenter ?
Gabriele Dell'otto : J’ai commencé en 1998 chez Marvel Europe et immédiatement, j’ai eu des échos très favorables en Allemagne. A chaque fois que cela était possible, Marvel me faisait faire des couvertures alternatives ou des lithographies. J’ai beaucoup travaillé et étape après étape, j’ai rencontré pas mal de mondes en France et en Italie. En 2002, après le festival d’Angoulême, j’ai fait la rencontre des bonnes personnes chez Marvel USA. Joe Quesada a adoré mon travail et m’a dit que je pouvais commencer quand je voulais. Quelques mois après, j’ai reçu un coup de fil pour me demander si j’étais partant pour faire une mini série avec Brian Michael Bendis. J’ai accepté immédiatement, même si à l’époque je ne savais pas qu’il était aussi célèbre. Je m’en suis rendu compte avec le premier chapitre qui a été épuisé en un weekend.
Quelles sont tes influences ?
Gabriele Dell'otto : Dans la bande dessinée, je dirais Buscema, Kirby et Barry Windsor-Smith. Quand j’étais petit, mon père était un grand fan de Moebius et je le suis devenu aussi. C’est le seul à avoir progressivement réussi à briser les barrières entre les BD et les comics. Je pense que mon style est une sorte de croisement de toutes ces influences.
Beaucoup de personnes vous ont découvert sur Secret War et ont été impressionné par votre prestation…
Gabriele Dell'otto : J’en suis navré parce que je pense que mon style a été bridé sur ce titre. Je déteste peindre des scènes où il y a beaucoup de personnages, je trouve que je suis moins performant. Sur Secret War, chaque planche a été faite à plus grande échelle. En les diminuant, pas mal de détails se perdent. C’est assez difficile de voir son travail ensuite. Pour mon prochain titre, je vais changer mon approche afin de ne pas avoir ce type de résultat.
Alex Ross doit avoir les mêmes problèmes que vous…
Gabriele Dell'otto : No comment (rires) ! Je ne sais pas, Alex a une technique rodée et très professionnelle, qu’il applique à merveille sur les scénarios qu’il reçoit. Il sait gérer ce type de problème, c’est plus difficile pour moi.
Du coup, si je vous proposais une gomme magique pour corriger un détail ou une partie d’un de vos travaux ?
Gabriele Dell'otto : Oh oui, je changerai tout ce que j’ai pu faire sur Secret War, je voudrais le refaire en entier !
Votre style se prête extrêmement bien au graphic novel…
Gabriele Dell'otto : Oui, c’est vrai et j’espère que dans l’avenir, je ne ferais que des graphic novels. Cela donne la chance d’expérimenter beaucoup de techniques sur un nombre de chapitres limités.
Avez-vous envie d’écrire vos propres histoires dans l’avenir ?
Gabriele Dell'otto : Non ou peut-être ! J’aimerais bien essayer de le faire sur le marché européen, mais cela s’annonce difficile. Pour moi, il y a peu d’artistes qui peuvent se prétendre complet. Dessiner est un don ; alors avoir en plus la possibilité d’écrire des histoires… Des fois je me dis que j’ai une super idée, mais lorsque je l’évoque à des amis, ils ne sont pas forcément aussi emballés que moi.
Si vous aviez la possibilité de visiter le crâne d’un autre auteur de BD pour mieux comprendre sa démarche ou son génie, qui iriez-vous visiter ?
Gabriele Dell'otto : Joe Buscema. Il est vraiment très fort et en plus c’est quelqu’un de génial.