Trouver sa future orientation professionnelle est parfois très difficile. Ce ne fut pas le cas pour Marco Checchetto qui, lorsqu'il découvrit les aventures de Spider-Man, décida à l'âge de 7 ans de devenir dessinateur ! Grand bien lui en a pris car depuis quelques années, l'artiste italien est une des valeurs montantes chez Marvel. Il faut dire que l'approche visuelle de Marco Checchetto fait partie de celles que l'on reconnaît immédiatement. Après un long run sur le Punisher écrit par Greg Rucka, il apparaît ici et là sur divers titres dont l'un n'est autre que Spider-Man. Alors qu'il prépare en secret une prochaine saga pour la Maison aux idées, nous sommes revenus ensemble sur ses premières années en tant qu'artiste reconnu...
interview Comics
Marco Checchetto
©Panini Comics édition 2014
Réalisée en lien avec les albums Daredevil - L'homme sans peur – 100% Marvel, T21, Marvel Saga – V 2, T1, Marvel Knights T7
Bonjour Marco Checchetto, peux-tu te présenter ?
Marco Checchetto : J'ai commencé à dessiner lorsque j'étais tout petit. Ma grand-mère m'avait offert un lot de bande dessinées avec dedans du Astérix, du Spider-Man, du Fantastic Four, Thor... Mais Spider-Man m'a tout de suite attiré et j'étais désormais sûr que je deviendrais dessinateur de Spider-Man. J'avais 7 ans ! (rires)
Quelles sont tes influences ?
Marco Checchetto : Mes artistes favoris sont au nombre de deux : John Romita Jr et Rick Leonardi, sur Spider-Man 2099 notamment. D'autres m'inspirent aussi mais pour moi ce sont ceux-là qui m'ont le plus influencé.
Comment décrirais-tu ton style ?
Marco Checchetto : Des lecteurs m'ont dit que je dessinais de façon : gritty & grim. Je ne vois pas trop ce que ça signifie mais je les crois ! Mon style, c'est gritty & grim. (rires) [NDT : gritty peut signifier rêche, sale ou viscéral - grim serait plutôt rêche]
Tu as commencé à travailler pour la presse de jeu vidéo. Pourquoi avoir commencé dans cette activité ?
Marco Checchetto : Je suis un grand amateur de jeux vidéos et j'achetais Playstation magazine. Un jour, j'ai décidé d'envoyer certains de mes dessins et j'ai commencé à collaborer pendant plusieurs années avec eux. Puis est arrivé le comic !
Le premier super héros sur lequel tu as travaillé professionnellement a été Deadpool, que penses-tu de ce premier essai ?
Marco Checchetto : Je ne suis pas un très grand fan de Deadpool mais c'était ma première expérience pour Marvel. J'en suis assez content mais si aujourd'hui, on me reproposait de débuter par Deadpool, je ne suis pas certain d'accepter.
Après plusieurs essais sur diverses séries, tu es enfin arrivé sur ton personnage favori : Spider-Man !
Marco Checchetto : En fait quand on m'a donné Spider-Man, j'ai pleuré ! C'est vrai ! (rires)
As-tu de futurs projets sur Spider-Man ?
Marco Checchetto : Je ne reviens pas dans l'immédiat sur Spider-Man mais je reste exclusif à Marvel. Je ne peux rien dire de plus ! (rires)
On se rappelle également que tu avais travaillé avec Roberto de la Torre sur Daredevil. Comment votre collaboration s'était-elle déroulée ?
Marco Checchetto : En fait, nous n'avons jamais eu de contact ensemble. Je parlais au scénariste mais pas à l'autre dessinateur.
Dernièrement, nous t'avons vu à l'oeuvre sur le Punisher écrit par Greg Rucka. Frank Castle ressemble fortement à Solid Snake d'ailleurs, non ?
Marco Checchetto : Je suis un immense fan de jeu vidéo et de Metal Gear Solid. Quand Greg m'a demandé de mettre une barbe au Punisher, c'était évident pour moi que le résultat serait celui-là.
Ta version du Punisher est d'ailleurs très cinématographique...
Marco Checchetto : Oui, j'aime le cinéma et je pense même que les films m'influencent plus que les comics. J'essaie toujours de mettre en place des ambiances très particulières comme dans un film.
Durant ta prestation sur le Punisher, il y a eu un crossover, Omega Effect, avec Daredevil et Spider-Man. Ce n'est pas une coïncidence, ce n'est pas possible !
Marco Checchetto : C'est sans doute le travail que j'ai le plus apprécié et dans lequel je me suis le plus investi. On m'a donné trois personnages qui sont ni plus ni moins que mes trois préférés. J'ai pu évoluer sur ce crossover avec un plaisir immense. Je pense que c'est à ce jour le meilleur souvenir de ma carrière. Avoir pu travailler avec Greg Rucka et Mark Waid, c'est génial.
Y a t-il un personnage de Marvel sur lequel tu mourrais d'envie de travailler ?
Marco Checchetto : Si je te le dis, je te révèle ce que je tenais secret jusqu'ici et je risque de me faire gronder par Marvel. (rires) Sinon, je te dirais que tous les personnages de Marvel m'intéressent !
Es-tu toujours un lecteur de comics aujourd'hui ?
Marco Checchetto : Je lis toujours beaucoup de comics, énormément de Marvel, beaucoup de DC... euh juste un petit peu (rires). Je reste toujours sur la série Ultimates de Mark Millar qui est absolument géniale. J'aime aussi le Fury Max d'Ennis et Parlov, le Punisher d'Ennis, Walking Dead, tous les récits de Spider-Man sont magnifiques... (rires)
Y a t-il des auteurs avec lesquels tu souhaiterais travailler ?
Marco Checchetto : Oui bien sûr. Il y a Mark Millar, je suis un grand fan, Mark Waid, Garth Ennis. Faire une histoire du Punisher avec Garth serait génial. C'est un de mes auteurs favoris.
As-tu des connections avec les autres artistes italiens ?
Marco Checchetto : L'école italienne a le vent en poupe et je suis ami avec certains artistes. On se retrouve dans des festivals où l'on fait les idiots.
Si tu n'avais pas fait de comics, que serais-tu devenu ?
Marco Checchetto : Quand j'avais 7 ans, je souhaitais absolument devenir dessinateur ou... Indiana Jones ! (rires)
Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
Marco Checchetto : Un seul nom. Je pense que pour tous les dessinateurs qui dessinent des super héros, ce serait Jack Kirby. C'est le seul nom qui me vienne à l'esprit, c'est juste le King ! Je pense qu'il y a un vrai mystère autour de lui et de la façon dont il travaillait, comment il faisait ! Je connais beaucoup d'artistes dont le style est très particulier mais dont j'arrive à comprendre la façon de travailler. Pour Jack Kirby ce n'est pas le cas. C'est le seul avec qui je ne parviens pas à le faire.
Grazie mille Marco !
Remerciements à Sophie Cony pour l'organisation de cette rencontre et sa traduction synchronisée, à Alain Delaplace pour sa relecture et à Jean-Philippe Diservi pour ses questions complémentaires et sa bonne humeur.
