interview Comics

Robert Rodi

©Panini Comics édition 2013

Chez Robert Rodi, la passion des comics a commencé très jeune. Après de multiples apparitions dans le courrier des lecteurs de ses séries favorites lorsqu'il était adolescent, cet hyperactif artistique s'est lancé dans l'écriture de romans et de comics, dans la défense des communautés homosexuelles mais aussi dans la musique. L'auteur de comics s'est illustré notamment dans la création de plusieurs sagas épiques et très réussies mettant en scène le Dieu nordique du tonnerre : Thor. Avec un emploi du temps qu'il avoue bien rempli, Robert Rodi a tout de même trouvé le temps de répondre à nos questions et de teaser notamment sa prochaine série, chez un éditeur indépendant, où son goût pour l'Histoire sera pleinement dévoilé.

Réalisée en lien avec les albums Thor / Loki, Thor - Au nom d'Asgard, Astonishing Thor
Lieu de l'interview : Le cyber espace

interview menée
par
29 novembre 2013

heartthrobs Bonjour Robert Rodi, comment es-tu arrivé dans le monde des comics ?
Robert Rodi : Je suis ami avec Phil Jimenez qui est aussi fan de mes romans. Donc lorsqu'il a été engagé pour réaliser une histoire d'amour pour Vertigo dans le cadre des anthologies Heart Throbs, il m'a demandé de lui écrire une histoire. Cela m'a permis de rencontrer Axel Alonso, qui était éditeur chez Vertigo et finalement j'ai réalisé plus de récits que prévu.

Quelles sont tes influences ?
Robert Rodi : Alan Moore est une énorme influence pour moi, parce qu'il a toujours refusé d'être classé. Il a écrit sur la thématique des super héros et en a fait quelque chose de mémorable, et le reste est tout aussi brillant. J'apprécie de voir comment il a mené ses différents récits et de voir comment il a pu les faire illustrer.

Ta carrière est assez incroyable, tu es scénariste de comics, écris des romans, fais de la musique... Où trouves-tu le temps ?
Robert Rodi : J'essaie toujours d'intégrer un peu de tout ce que je fais dans ce que je crée. En ce moment, je suis en train d'écrire un spectacle avec des tonalités évoquant Charlie Parker, John Coltrane, Miles Davis, Charles Mingus, Sonny Rollins et plein d'autres, sur des paroles écrites par moi-même. Je l'ai appelé "Mebop" et même si c'était difficile à faire, c'était vraiment fun. Et puis il y a aussi une sorte de proverbe du grand E.F. Benson qui dit que seuls les gens ennuyeux ont le temps de faire quelque chose.

elektra Lorsque tu étais plus jeune, tu envoyais beaucoup de courriers aux éditeurs des comics, rendant du coup ton nom populaire parmi le cercle des lecteurs. Est-ce vrai ?
Robert Rodi : Je suis apparu dans de nombreux courriers des lecteurs dans les années 70, c'est vrai. C'est assez embarrassant que ces lettres ressortent. Mais j'étais un enfant très enthousiaste et je lisais de tout.

En France, nous t'avons découvert sur la série Elektra. Quel regard portes-tu aujourd'hui sur le titre ?
Robert Rodi : J'ai pris énormément de plaisir sur Elektra. J'ai essayé de la propulser dans de situations inédites pour elle. Par exemple, elle n'avait jamais été engagé pour éliminer une autre femme. Je lui ai aussi donné la mission de tuer un enfant qui était une chose inédite pour elle, surtout qu'elle avait des hallucinations, étant terriblement malade. J'avais aussi d'autres idées mais la série s'est arrêtée avant que je n'ai eu le temps de les mettre en scène. J'ai encore une histoire que j'adorerais raconter mais je ne sais pas si ce sera possible à présent. Peut être un jour...

A la même époque, tu as créé Les crossovers avec Mauricet, dans un registre plus humoristique...
Robert Rodi : J'adore la série Astro City de Kurt Busiek qui parle d'une ville où l'on retrouve des styles qui se mélangent comme les super héros, le fantastique, la science fiction ou la fantasy. J'ai juste pensé que l'on pouvait reproduire ce schéma à celui d'une famille. Et c'est comme ça qu'a débuté Les crossovers.

loki


Depuis 2004, tu as écrit de nombreuses histoires sur Thor et son univers. La première fut Loki et dans cette dernière on voit le demi-frère du Dieu du tonnerre s'emparer d'Asgard. Quelles furent les réactions ?
Robert Rodi : Je n'ai pas vraiment eu peur des réactions négatives, parce que Loki a été édité dans la collection Marvel Knights, ce qui impliquait un lectorat plus âgé. Ce n'était pas non plus en lien avec la continuité de l'univers de Thor. Pour moi, être à part permettait de créer quelque chose de plus intéressant.

fourhorsemen Loki a été aussi ta seconde collaboration avec Esad Ribic, après Four Horsemen. Comment avez-vous travaillé sur cette saga ?
Robert Rodi : J'ai envoyé mon scénario à Esad et il revenait vers moi pour me demander plus d'informations sur des points que je n'avais jamais imaginé, ce qui mettait mon cerveau en ébullition. Il est un grand dessinateur et un incroyable raconteur d'histoires. Après Four Horsemen, j'ai appris à lui donner énormément de détails sur chacune des pages donc pour loki, j'ai écris énormément de choses.

Ensuite, il y a eu For Asgard et Astonishing Thor où tu as encore collaboré avec d'excellents dessinateurs comme Simone Bianchi et Mike Choi. Est-ce toi qui les a choisi ?
Robert Rodi : Je ne les ai pas sélectionnés, c'est Marvel qui les a toruvés pour moi. Je ne pouvais cependant pas demander de meilleurs choix que Mike Choi et Simone Bianchi. Ils sont vraiment excellents.

Pour Astonishing Thor, tu as pris comme ennemi principal : Ego, une planète vivante. Serais-tu un fan de Jack Kirby ?
Robert Rodi : Oui ! Je suis un énorme fan de Kirby. J'ai voulu faire d'Astonishing Thor une véritable lettre d'amour à Kirby. Il savait tellement bien utilisé les personnages et leurs univers.

For Asgard est une histoire plutôt portée sur l'heroic fantasy, apprécies-tu ce genre ?
Robert Rodi : En fait, j'adore en premier lieu l'Histoire, particulièrement les périodes romaines et médiévales, et grâce aux comics, j'ai pu écrire des histoires où j'essaie de mettre en avant certaines de ses influences. J'adore la fantasy également mais sur For Asgard, c'est plutôt mes influences historiques qui étaient les plus fortes.

forasgard


Ensuite, tu as écrit La saga des Deviants avec Stephen Segovia aux dessins. Sur cet album, il y a encore la présence de personnages créés par Jack Kirby...
Robert Rodi : Sur cette saga, mon éditeur était Ralph Macchio qui est un gigantesque fan de Kirby et qui voulait faire revenir les Éternels dans l'univers Marvel. J'étais ravi de le faire et nous avons utilisé les Deviants comme point de départ. J'ai aimé participé aux retours de Karkas et de Reject, deux personnages absolument géniaux qui avaient disparu dans les années 80.

superiorspider-man Quels sont tes prochains projets ?
Robert Rodi : Je viens juste de terminer deux épisodes de Superior Spider-Man Team-up qui sont sortis ce mois-ci aux USA. C'était un travail intéressant. J'ai aussi un prochain projet pour Oni Press qui est une série d'aventures historiques se déroulant à l'ère romaine. C'est tout ce que je peux te dire pour le moment, à part que je suis particulièrement excité par ce projet, et que le personnage principal a des chances d'être une grosse surprise pour beaucoup de monde. J'ai aussi pitché une série pour Vertigo qui si tout se passe bien devrait se faire.

Connais-tu un peu le marché de la bande française ?
Robert Rodi : Pas vraiment non mais une de mes séries favorites est française. Il s'agit des Cités obscures de Schuiten et Peeters. Ces albums sont fantastiques.

Pour quel super héros aurais-tu envie d'écrire une histoire ?
Robert Rodi : J'aimerais bien essayer un truc sur Plastic Man. En fait, j'avais proposé une histoire à DC Comics il y a quelques années. Je pense qu'il n'a rien fait de tel depuis les années 40. Qui sait, peut être qu'un jour ils me laisseront la possibilité d'écrire cette histoire.

As-tu eu un coup de cœur en termes de lectures récemment ?
Robert Rodi : En ce moment, c'est L'âge de bronze d' Eric Shanower. Comme je te le disais je suis un grand amateur d'histoires anciennes et cette série est juste magnifique.

baby En parallèle des comics, tu as écrit de nombreux romans dont le dernier en date se nomme Baby. Cela parle de quoi ?
Robert Rodi : Baby raconte l'histoire d'un homme d'âge mûr qui est convaincu que son neveu, un nouveau né, n'est autre que l'enfant du démon. Nous ne savons pas si c'est ou si cet homme est fou. Des choses terribles commencent à arriver, est-ce lé bébé qui en est responsable ? Il s'agit de mon second roman influencé par les films d'Alfred Hitchcock et l'on y retrouve du suspense, des meurtres et un petit côté grinçant.

Tu es aussi un chanteur accompli puisque tu as deux groupes musicaux, un de jazz et l'autre de rock...
Robert Rodi : Si vous voulez écouter ce que cela donne, l'adresse internet pour le groupe rock est www.7thkind.com et nous y avons mis notre nouveau clip ainsi que beaucoup d'autres titres. Même si je n'apparais pas dans la vidéo, c'est bien moi au chant !

Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre son génie ou son art, qui irais-tu visiter ?
Robert Rodi : Je pense que c'est un peu cliché mais j'adorerais aller dans l'esprit de Shakespeare et ce, depuis que je suis enfant. Il est l'auteur qui a refusé les étiquettes. Il a fait des comédies, des tragédies, des fables et plein d'autres genres. Et si je pouvais réutiliser ton pouvoir pour aller ailleurs, j'irai dans l'esprit de Jules César pour savoir comment il a pu diriger si brillamment un tel Empire. Je pourrais y passer une heure. Ou deux. Ou vingt même !

Merci Robert !

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