interview Comics

Tony Moore

©Akileos édition 2010

Autoproclamé Sausage King of comics, Tony Moore est un dessinateur américain dont la renommée s’est faite tardivement en France, à l’occasion de son Walking Dead écrit avec son ami d’enfance Robert Kirkman. Depuis, il a su exploiter son talent dans d’autres genres, comme la science fiction avec Fear Agent et Ghost Rider, l’un des rares super héros qu’il apprécie. A l’occasion de son passage sur Tours, nous en avons profité pour découvrir un auteur simple, attachant et particulièrement sympathique… autour d’une bonne bière !

Réalisée en lien avec les albums Fear Agent T5, Walking Dead T1
Lieu de l'interview : Tours (librairie Bédélire)

interview menée
par
15 janvier 2010

© Toony Moore - Fear agentPour commencer, pourrais-tu nous raconter comment tu en es venu à faire de la bande dessinée ?
Tony Moore : En fait, ma toute première expérience sur un comics a été Battle Pope que j’ai créé avec un ami que je connais depuis l’âge de 12 ans, Robert Kirkman. Il m’a demandé, une fois qu’on avait fini le lycée, si je voulais faire du comics et je lui ai dit que cela serait une super idée. On a donc commencé cette série et nous avons passé de bons moments ensemble pendant sa conception. Au début, on s’est pris pas mal de portes et quasiment personne ne voulait lire ce qu’on faisait. Nous nous sommes lancé ensuite sur deux projets : Brit et Walking Dead. Le second a vraiment lancé ma carrière et c’est une chose à laquelle je ne m’attendais surtout pas. Le genre de l’horreur n’était plus à la mode, il n’y avait pratiquement que des comics de super héros. Avec Robert, nous avons essayé de faire une histoire qui nous plaisait à tous les deux.

Tu as dessiné le premier cycle de Walking Dead (NDLR : équivalent au tome 1 de l’édition française), pourquoi as-tu cédé ta place à Charlie Adlard ?
TM : Avec cette série, nous avons eu énormément de travail et au début Walking Dead ne marchait pas suffisamment pour qu’on puisse en vivre. A cette époque, je n’allais pas très bien non plus, j’ai fait une dépression. En devenant un peu plus pauvre chaque jour, Robert et moi avons décidé qu’il serait mieux que je me retire. De temps en temps, je refais quelques couvertures sur la série. Au début, c’était seulement pour montrer aux fans que tout allait bien entre Robert et moi, puis c’est devenu un hobby pour moi. Ensuite il m’a semblé normal que Charlie fasse ses propres couvertures.

Que penses-tu justement du travail de Charlie Adlard sur la série ?
TM : Je le trouve vraiment bon, j’apprécie beaucoup son style, il accorde beaucoup d’importance aux ombres, ce que j’oublie tout le temps ! Je trouve qu’il est parfait pour le genre et quand je lis la série, il réussit à me terrifier ! Le scénario de Robert est très bon et je pense qu’il est parfaitement en adéquation avec lui sur cette série.

Tu as lancé ensuite deux autres séries : Les exterminateurs et Fear Agent. Qu’en est-il des Exterminateurs tout d’abord ?
TM : La série est terminée, nous avons du conclure l’histoire au chapitre 30 avec Simon Oliver. Je sais qu’en France, le premier tome est sorti mais j’ai l’impression que cette série est maudite et que vous risquez de ne pas voir arriver les autres tomes.

© Toony Moore - Fear agentPuis Fear Agent
TM : J’ai commencé sur ce titre en 2005 avec Rick Remender : on voulait se lancer dans un récit de science fiction totalement fou.

Au début de la série, tu alternes les cycles avec Jerome Opeña…
TM : En fait, si j’avais du dessiner toute la série, elle ne serait pas encore finie. A la même époque, je travaillais sur Fear Agent et Les exterminateurs, ce qui explique que l’on a fait appel à un autre dessinateur.

En lisant Fear Agent, on a clairement l’impression que Rick et toi, vous vous faites plaisir…
TM : En fait, quand j’étais gosse, je lisais beaucoup les comics DC et le magazine Mad. Je les adorais et dedans il y avait beaucoup de comics de science fiction. C’étaient mes préférés. Je n’ai jamais été un grand fan des super héros même si j’aime bien Batman, le Punisher et de très loin le Ghost Rider.

As-tu envie de travailler à une série mettant en scène ces super héros ?
TM : Je n’ai pas trop le droit d’en parler mais je me suis attelé sur Ghost Rider, et peut-être qu’ensuite je ferais quelques pages pour le Punisher de mon ami Rick Remender. On verra ce que cela donnera !

© Toony Moore - Ghost riderAs-tu envie d’écrire tes propres scénarii ?
TM : Non, pas vraiment. J’ai la chance d’avoir d’excellents scénaristes et je ne pense pas que le temps soit venu pour moi d’écrire des comics. Quand je serais vieux, peut-être que je ferais un western. Et puis à l’heure actuelle, je manque de temps !

J’ai cru voir que tu te faisais surnommer le « sausage king of comics », quid ?
TM : En fait, ça vient d’une vieille série télé (Ricky ou la belle vie) où le héros sortait cette réplique ridicule. Avec mes amis, on a donc décidé que je serais ce fameux « roi saucisse » mais des comics !

Quelles sont tes influences ?
TM : Je dirais Jack Davis car c’est pour moi le premier à avoir vraiment eu un style très varié. Il a participé à tellement de choses que je ne pourrais pas toutes te les citer ! Je l’ai rencontré et il fut suffisamment sympa pour me conseiller, me parler de sa carrière… C’est de loin ma plus grosse influence. Il est pour moi l’exemple parfait du type qui ne travaille pas pour l’argent mais pour le plaisir. J’essaie au mieux de faire comme lui. J’aime aussi beaucoup d’autres auteurs. J’adore Moebius et son Blueberry ! A chaque fois que je viens en France, j’essaie de trouver des livres que je n’ai pas de lui !

Quelles lectures conseillerais-tu à nos lecteurs ?
TM : Je suis un grand fan de Scalped de Jason Aaron. C’est avec lui que je travaille sur Ghost Rider. Il écrit des choses fantastiques, simples et complexes à la fois. Je dessine le Ghost Rider depuis que j’ai 12 ans ! C’est incroyable pour moi !

© Toony Moore - Battle popeQuelle question te pose-t-on le plus ?
TM : Pourquoi as-tu quitté Walking Dead ?

Et celle que l’on ne te pose jamais ?
TM : Euh… celle là !

Si tu avais une gomme magique pour corriger un détail ou une partie d’une de tes BD, qu’en ferais-tu ?
TM : Je pense que je mettrais plus de détails sur mes planches. Sur Fear Agent entre autre : à l’époque j’étais en retard sur la date butoir car je faisais Les exterminateurs en même temps. Comme il me manque toujours du temps, je pense que je prendrais un peu plus de temps !

Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d’un auteur pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
TM : Moebius, Geoff Darrow, je me suis fait un tatouage de Hard Boiled ! Et puis Jack Davis bien sûr !

Si tu n’avais pas fait de comics, qu’aurais-tu fait ?
TM : Informaticien peut-être, vu que je passe beaucoup de temps sur mon ordinateur !

Merci Tony !

© Toony Moore