L'histoire :
Le foyer « Les enfants des étoiles » accueille des enfants et adolescents de tous âges, ces derniers étant orphelins ou ayant tout simplement des parents qui ne peuvent ou ne veulent pas s’occuper d’eux. Aujourd’hui, un nouvel arrivant leur est présenté : Sei, un garçon plutôt renfermé, et qui reste persuadé que sa maman reviendra le chercher bientôt. Junsuke et Haruo ont le même âge que lui et lui font visiter la pension. Sur le terrain à côté de l’établissement se trouve une voiture abandonnée, une Sunny 1200. Là, les enfants vivent leurs plus grandes aventures - dans leur imaginaire, regardent des magazines érotiques, jouent, les plus grands fument... Là, Haruo assène la vérité crue à Sei : sa mère ne reviendra pas le chercher et il ne rentrera pas chez lui, car il a été abandonné, comme les autres. Aussi, quand Sei se mettra au volant quelques temps plus tard, alors que les autres à sa place imaginent partir dans l’espace ou être un bandit poursuivi, parmi tout ce qu’il aurait pu choisir, Sei décide de faire le trajet de retour jusqu’à chez lui... Le temps passe, et comme prévu, Sei est resté. Il s’habitue doucement à la vie au foyer, entre l’école, la vie en communauté, les jeux avec les autres... Mais toujours reste le sentiment d’abandon. Et si un jour il devenait comme Haruo, à avoir peur de retrouver sa mère pour les vacances en sachant qu’ils devront se séparer à nouveau quelques jours plus tard ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Taiyou Matsumoto, à qui l’on doit le mythique Amer béton, mais aussi le trop rare Number Five, le primé Le samouraï bambou ou encore Ping-pong, nous revient ici dans Sunny avec l’un de ses thèmes de prédilection, les enfants abandonnés. Il s’agit ici de montrer comment se déroule le quotidien de ces enfants à l’imagination fertile ou de ces adolescents désillusionnés, et au sentiment d’abandon présent à chaque instant en toile de fond de leur vie. Ces protagonistes, bien souvent perturbés par la situation - parfois au sens clinique du terme, donnent souvent au récit une ambiance décalée qui rend ces tranches de vie peu banales. Les sujets sont rarement creusés ou traités frontalement, ce qui n’est visiblement pas le but recherché, le ton restant assez pudique avec le côté dramatique qui ressort de toute manière bien assez à travers la vision et les réflexions de ces enfants à qui la vie, déjà, n’a pas fait beaucoup de cadeaux. On sent l’affection que transmet l’auteur à ses personnages, dont la galerie est très variée, même si parfois un peu trop étrange. Pour autant, la sauce ne prend pas tout à fait et, malgré de bonnes intentions, on s’ennuie un peu lors de la lecture. Comme à son habitude, le mangaka arrive à créer un univers qui lui est propre, et ses dessins si peu conventionnels jouent dans le même registre et s’accordent à merveille, mais cela ne suffit pas à convaincre pleinement. Des débuts en demi-teinte, donc, que les inconditionnels de l’auteur apprécieront sûrement, mais qui risquent de laisser les autres un peu de marbre.