L'histoire :
Cesare et Giovani vont officier pour la messe de la nativité aux côtés de Raffaele Riario. Vu que la tenue de Cesare est plus richement ornée que la sienne, l’archevêque de Pise s’inquiète que le jeune homme attire plus que lui le regard des fidèles. A Rome, le père de Cesare cause lui aussi quelques remous : le pape l’a choisi pour présider à sa place la messe de la nativité. Cela ne plaît évidemment pas à tout le monde, notamment à Giuliano Della Rovere qui enrage... Après l’office de minuit, et en attendant celle de l’aurore, Giovani et Riario se retrouvent pour discuter autour d’une boisson chaude, mais Cesare ne les a pas suivis. Le jeune homme est resté dans la cathédrale, devant le tombeau d’Henri VII. Il fait part à Silenzio de ses questionnements à ce sujet : comment quelqu’un qui n’est pas du clergé, et qui plus est un empereur (dont le poste est traditionnellement opposé à la papauté dans les luttes de pouvoir), a pu se retrouver inhumé en ces lieux ? Sans oublier que la statue qui orne le tombeau est elle-même une sorte de sacrilège : l’empereur y est représenté allongé au-dessus d’une frise constituée des apôtres, comme s’ils se plaçaient en-dessous de lui en termes d’importance, et en plus ces derniers ne sont que onze et non douze. Ce qui étonne Cesare, c’est que c’est Dante lui-même, féroce défenseur du pouvoir du pape, qui a fait en sorte deux siècles auparavant qu’Henri VII ait son tombeau dans la cathédrale. Pour comprendre ce qu’il s’est passé à l’époque, Cesare était allé voir le plus éminent spécialiste de l’histoire de Dante qui lui avait alors expliqué tout ce qu’il s’avait de l’affaire. En racontant toute l’histoire à Silenzio, Cesare fait part à son cousin de ses propres questionnements envers le système actuel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La majeure partie du récit de ce septième opus se concentre sur l’histoire de la cathédrale de Pise, et plus précisément sur la tombe de l’empereur Henri VII située en son sein. A l’époque de Cesare, l’autel dédié à Henri VII, aujourd’hui disparu, existait encore dans le bâtiment. Mais il avait été sculpté deux siècles auparavant, et peu de gens connaissaient les raisons qui avaient poussé le clergé à accepter la présence d’un empereur dans l’enceinte sacrée, le pouvoir des papes ayant toujours été en conflit avec celui des souverains. Intrigué par l’histoire de ce tombeau, Cesare découvre la véritable histoire derrière celui-ci et ses ornements pour le moins spéciaux. Le récit est passionnant et nous décrypte tout un pan de l’histoire. On y revoit Dante et le rôle prépondérant qu’il y a joué, mais surtout cela amène Cesare à s’interroger sur la notion de pouvoir et sur la façon de l’acquérir, ainsi qu’à se remettre en question. A la fin du volume, un nouveau personnage historique fait son apparition ; probablement juste pour le clin d’œil, mais cela reste sympathique. Côté graphismes, entre les atours des protagonistes pour la célébration de la nativité et l’intérieur de la cathédrale, sans compter le récit tout en flash-back qui donne l’occasion à la mangaka de fournir de très belles pleines planches, le niveau est toujours au top. L’ouvrage est comme souvent complété d’une dizaine de pages d’explications supplémentaires, qui concernent elles aussi l’histoire de l’autel d’Henri VII, mais du point de vue du professeur Motoaki Hara et de la dessinatrice. Pour reconstituer visuellement le tombeau, tous deux sont passés par tout un processus de réflexion et de recherche qu’ils nous détaillent ici. Même si l’histoire n’avance pas beaucoup, ce volet se montre donc tout aussi passionnant que ses prédécesseurs, avec en plus le côté historique encore plus mis en avant que d’habitude. Une leçon d’histoire prodiguée avec talent : à ne pas rater.
