L'histoire :
Hitomi Shinohara est femme au foyer, sans enfant et marié à un banquier. Lors d’une de ses journées de travail, son mari est victime d’une prise d’otage, qui se termine par le suicide du malfrat. Lors de cette épreuve, l’époux discerne la phrase : « votre vie est un échec, appuyez sur reset ». Sous le choc, Hitomi conseille à son mari d’aller voir un médecin, mais brusquement ce dernier se lève et se jette par le balcon de son immeuble. Endeuillée, la jeune femme cherche ce qui l’a fait craquer. Elle découvre alors que celui-ci joue à un nouveau jeu vidéo, « Dystopia ». En commençant à jouer, elle se rend compte que l’ordinateur l’a scannée d’une façon identique à la réalité (vêtement, coupe de cheveux). En se baladant dans ce monde fictif, elle fait la rencontre d’un jeune homme à la coupe de cheveux hirsute, qui est poursuivi par de nombreux militaires. Celui-ci utilise un bazooka sorti de nulle part et tire sur ses assaillants. Un seul militaire survit et se dirige alors vers Hitomi et lui tire à de nombreuses reprises dessus. C’est un sursaut brutal qui ramène Hitomi à la réalité : la sonnette de sa porte. En ouvrant, le choc n’en est que plus grand : elle a devant elle le jeune homme vu dans Dystopia…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Reset, Tetsuya Tsutsui nous propose son premier manga professionnel (paru chez Square Enix au Japon). Ce mangaka, découvert sur internet avec le titre Duds Hunt, est une des dernières révélations de ces dernières années. Ki-oon, son éditeur français, a également fait une exception à sa ligne éditoriale, puisqu’en temps normal, il se concentre sur des titres d’heroïc-fantasy. Le dessin de l’auteur est de qualité, les décors travaillés, et le rendu des mondes réels et virtuels permet une immersion plus grande dans le monde de Reset. Le scénario prenant place dans le cadre d’un jeu vidéo, le mangaka développe le problème du réalisme croissant, faisant perdre petit à petit ses repères aux joueurs. L’idée fait bien sûr penser aux films Le cobaye, mais surtout à eXistenZ (David Cronenberg). Perdant leurs repères, les personnages ont un comportement de plus en plus violent. Vision alarmiste ou préventive du jeu vidéo, Reset est une critique intelligente où le manichéisme est absent, et dans laquelle son auteur ne ressasse pas les éternels clichés des détracteurs.