L'histoire :
Dans une ruelle sombre, une jeune fille armée d’une faux énorme fait face à Jack l’éventreur. Un échange de coups suffit et la collégienne tranche en deux son adversaire avant que sa faux ne se transforme en un garçon qui récupère l’âme de Jack pour l’engloutir. Mission accomplie. C’est la 99ème âme humaine corrompue que Maka et son arme humaine Soul Eater fauchent. Ils ne leur restent plus qu’à vaincre une sorcière maléfique pour que Soul n’atteigne le rang de Death Scythe, une catégorie d’arme aussi puissante que celle de leur maître Shinigami, un Dieu de la mort qui dirige une école où il forme les « meister » comme Maka. Après avoir fait leur rapport à ce dernier, Maka et Soul partent affronter la sorcière Blair, mais ils vont vite découvrir que vaincre une sorcière n’est pas à la portée du premier venu… Ailleurs, un autre meister nommé Black Star et son arme Tsubaki, une jeune fille qui se transforme en grapin-faucheur, s’apprêtent à faucher les âmes d’Alcapone et de ses sbires. Tapis dans l’ombre, le couple d’assassins est prêt à profiter de l’effet de surprise mais… Black Star ne peut concevoir qu’une entrée en scène de manière fracassante ! Il débarque donc au milieu de l’assemblée et prend la pose en se présentant. Bien entendu, les gangsters ont tout le temps qu’il leur faut pour sortir leurs armes et faire fuir les envoyés du Dieu de la mort qui rentrent donc bredouille au bercail, au grand dam de maître Shinigami… Quant à Death The Kid, le propre fils du maître Shinigami, ce dernier est très puissant et manie carrément deux armes-humaines, Liz et Pathy Thompson, un duo de pistolets démoniaques. Mais ce dernier est tellement perfectionniste que ce maniaque est capable d’abandonner une mission pour retourner chez lui vérifier que ses tableaux ne sont pas de travers ! Pour mettre un peu de plomb dans la tête de tout ce petit monde, maître Shinigami décide d’organiser un cours de rattrapage un peu particulier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gros succès au Japon, Soul Eater est incontestablement un des blockbusters shônen les plus attendus en France depuis quelques temps, et force est de constater que cette réputation n’était pas basée sur du vent. L’auteur, qui fut initialement assistant sur la série Get Backers, nous offre en effet ici un univers très original et dont le background aux inspirations Tim Burton possède un impact certain. Car ce n’est pas tant le concept en lui-même qui fait l’originalité de ce manga (des couples de collégiens doivent vaincre des vilains afin de monter en puissance), mais plutôt tout ce qu’il y a autour : l’ambiance Tim Burton que l’on a déjà évoquée et qui se traduit surtout graphiquement, le concept d’arme-humaine, la façon dont tout cela est traité avec un humour omniprésent et surtout la personnalité des protagonistes qui est peut-être le point le plus important. Car s’il est indéniable que Maka, Black Star et Death The Kid, ainsi que leurs armes respectives, sont déjà de féroces combattants relativement puissants, le vrai coup de génie est d’en avoir fait de tels maniaques ou de tels abrutis ! Black Star a tout pour devenir le plus efficace des assassins de l’ombre mais il a un ego tellement disproportionné qu’il ne peut s’empêcher de se la péter à tout bout de champs, ce qui est bien évidement totalement incompatible ! Maka manie quant à elle une arme disproportionnée, arme qui d’ailleurs ne cherche qu’à paraître la plus cool possible. Et le meilleur, Death The Kid, d’ores et déjà surpuissant par son statut de futur Dieu de la mort, qui est le plus irrécupérable des maniaques de l’ordre et de la symétrie, et qui se laisse totalement abattre à la moindre contrariété ! Des personnages hauts en couleurs donc, et qui mettent en avant un humour fracassant au milieu de toute cette action bien menée et dont le scénario encore faiblard va se révéler petit à petit de plus en plus intéressant. Tout cela est servi par des graphismes vraiment intéressant, notamment en ce qui concerne les décors : architecture mixant gothique et vieux Londres, maisons citrouilles, Lune au sourire démoniaque et ensanglanté, tenues originales et variées… L’auteur mélange avec succès de nombreuses inspirations et se créé un univers à part entière. Le fan-service gratuit et parfois en complète opposition avec le reste de l’action est également bien géré et renforce le côté humoristique tout en nous faisant bien plaisir, l’auteur étant capable par exemple de couper un combat intense par un interlude très dénudé et totalement sans rapport, dans un esprit de décalage le plus total (ce qui est réussi). Il y a encore beaucoup à dire sur cette série qui, bien qu’au pitch peut-être peu aguicheur, saura plaire à ceux qui n’hésiteront pas à se jeter dedans. Amateurs de shônen de qualité, vous voilà prévenus !
A noter qu'une édition limitée tirée à 500 exemplaires et disposant d'une couverture alternative ainsi que d'un ex-libris exclusif est parue en partenariat avec les librairies Album.