L'histoire :
08h00, fuseau horaire Pacifique. A 12 miles nautiques de l'ancien littoral californien. Un hélicoptère est sur le point de pénétrer sur le territoire d'une nation perdue. Cela fait 30 ans que nul ne s'est rendu sur le sol US. L'équipage est tendu, il va devoir passer en silence radio et tous veillent à détecter une trace d'électricité statique, qui caractérise la levée d'une barrière magnétique. Le Colonel aux commandes n'exclut pas l'hypothèse qu'ils filent à 500 km/h sur un mur aérien invisible, mais cela n'aurait aucune logique car s'ils sont là, c'est qu'ils ont été appelés, après trois décennies de silence. De toute façon, tous vont en avoir le cœur net, d'ici à 10 secondes... et les voici désormais en train de survoler une immense infrastructure surnommée «Le Mur». Soudain, une alarme se déclenche dans le cockpit : l'hélico est tracké. Tous regardent et ils ont à peine le temps de hurler qu'un missile s'approche de l'aéronef. Heureusement, le pilote est un as. L'appareil est certes touché mais sa manœuvre lui permet de gagner du temps. La machine est bien amochée et il a fallu dégager de la zone pour pouvoir se poser en catastrophe, dans un endroit inconnu. Tous peinent à savoir pourquoi on a essayé de les shooter alors que les autorités US sont sorties de leur silence pour proposer au reste du monde la mise à disposition d'un vaccin contre le virus Azur qui menace le monde entier... et ils sont les ambassadeurs ayant répondu à cet appel...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Charles Soule et Scott Snyder sont deux scénaristes chevronnés, dont la carrière parle pour eux. On ne vous cachera pas notre point de vue personnel qui fait qu'on les apprécie modérément, l'un pour une mort de Wolverine indigne de l'évènement qu'elle aurait dû être, l'autre pour ses chutes ratées à répétition avec Batman... On ne savait donc pas trop à quoi s'attendre avec cette première association, pour une série own created. Undiscovered Country bénéficie déjà d'un pitch alléchant. En effet, les lecteurs ont été tenus en haleine depuis qu'Image Comics a annoncé les premières lignes directrices de cette histoire : les USA ont imposé un black-out total au reste du monde, le Scellage, depuis 30 ans. Mais le monde est en proie à un virus dont la létalité dépasse 80%. Les chercheurs pensent qu'il reste 6 mois, au mieux, avant que l'humanité ne disparaisse. C'est alors que l'Oncle Sam se manifeste. Il s'agit donc d'envoyer des ambassadeurs dans ce territoire isolé, dont nul ne sait ce qu'il est devenu, pour récupérer une technologie apte à contrer ce virus. Bien sûr, sur place, rien ne va se passer comme prévu et les émissaires du reste du monde vont découvrir une nation qui n'a plus rien à voir avec celle qu'on a connue. On en attendait donc beaucoup et si ces 160 premières pages sont assez plaisantes et surtout gavées d'action, on se pose quand même la question de l'ambition des auteurs : sera-t'elle démesurée ou seront-ils à la hauteur ? Ils ne la dissimulent pas : leur ambition est de faire un récit épique et spectaculaire, grand et dingue puisque la postface qu'ils signent explique à quel point ce projet leur est personnel, eux qui sont devenus amis. Sans faire la fine gueule, on trouve pourtant deux bémols à ces 8 premiers chapitres. Le premier est lié à une aberration scénaristique, qui se situe, pas de bol, dès le début de l'histoire : on a beau être un pilote surdoué, quand un missile traque un hélico, aucune chance de s'en sortir, encore moins en cas de crash. Et c'est pourtant le cas, avec un ellipse qui envoie paitre l'équipage à on ne sait combien de dizaines de kilomètres du lieu où ils sont shootés, ce qui est encore plus improbable. Le second écueil, qui vient assez régulièrement casser le rythme, c'est l'abondance de dialogues mélodramatiques car la trahison est au centre des interactions entre les personnages. Pour autant, on le redit, cette histoire dystopique a l'avantage d'être un bon divertissement, en particulier grâce à ses dessins. Guiseppe Camuncoli est un cador du media, on le sait depuis son parcours chez Marvel et ses planches évoquent parfois Moebius, tant ses décors dans le désert et les étranges créatures montées par des guerriers à la Mad Max sont beaux, même si le premier encreur salope quelques cases... Le visuel est donc assez grandiose et les couleurs de Matt Wilson y contribuent également. On finit donc ce premier volume plutôt convaincus mais pas non plus totalement subjugués. On espère maintenant que la série ne va pas accoucher d'une infinité d'épisodes, car elle s'annonce grandiloquente et chacun sait que, pour les récits au long cours, conserver l'intensité est particulièrement difficile.
