Aya Oda fait partie de ces auteurs récurrents pour celles et ceux qui lisent du shôjo. En France, c’est presqu’une dizaine de titres qui nous sont déjà parvenus depuis 2007, sur plus d’une vingtaine édités au Japon. Pour la sortie de sa dernière histoire en date, Room paradise, Aya Oda est venue à Paris et en a profité pour nous accorder un peu de temps pour répondre à nos questions...
interview Manga
Aya Oda
Réalisée en lien avec les albums Room paradise T1, Avoue que tu m’aimes T1, Ensemble jusqu’à la fin du monde, Hakoniwa angel T1, Beauty T1, Lovey Dovey T1, Playboy café T1
Pourquoi êtes-vous devenue mangaka ?
Aya Oda : Tout simplement car je dessinais beaucoup et j’aimais beaucoup lire des mangas quand j’étais petite. Il est très courant au Japon de lire des mangas depuis tout petit, et j’ai subi cette influence depuis mon enfance, c’est donc très naturellement que je suis devenu mangaka à mon tour.
Quels sont les auteurs qui vont ont le plus marqué étant jeune ?
Aya Oda : Yumiko Kawahara, l’auteur de Zenryaku milk house (non traduit en français, NDR). Il y a aussi un titre de Chie Shinohara qui m’a beaucoup inspiré (aucune de ses œuvres n’a été traduite en France, NDR).
Comment s’est faite votre entrée dans le monde professionnel ?
Aya Oda : J’ai commencé à m’entraîner et à dessiner toute petite, et j’ai eu cette idée et cette envie de devenir professionnelle à l’époque du collège. Les magazines proposaient d’envoyer des planches pour des concours. A peu près quand j’ai eu la vingtaine, j’ai essayé et j’ai reçu un prix, et c’est comme cela que ça a commencé. Je crois que c’était le concours Manga Academy du magazine Shôjo Comic, mais le nom a changé depuis.
Qu’est-ce qui vous a poussée à faire du shôjo et pas un autre type de manga ?
Aya Oda : C’est un des styles les plus présents au Japon, et avec l’influence de mes lectures habituelles, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers ce style, sans y réfléchir.
Aya Oda : Pour créer une série, je commence par imaginer tout ce qui est le scénario, et le dessin des premières planches. Puis, quand j’ai obtenu l’autorisation de mon éditeur, je passe à la réalisation. Selon moi, la partie la plus importante de la création d’un manga est avant tout l’élaboration des personnages, et de toute l’ambiance qui va donc se créer autour d’eux par la suite.
Comment élaborez-vous ces personnages, et où trouvez-vous vos idées ? Vous servez-vous par exemple de vos amis comme modèles ?
Aya Oda : Oui, effectivement, je trouve mon inspiration parfois dans mes amis, la télévision, ou tout un tas de situations qui m’entourent. Mais je dois avouer que la plupart du temps, je vais dans les cafés, les restaurants, en m’asseyant toute seule en ayant l’oreille qui traîne sur la table d’à côté pour écouter des nouvelles histoires d’amour inédites.
Vos héroïnes sont très souvent des jeunes filles assez naïves mais qui savent se battre pour l’amour : est-ce le type de personnage que vous affectionnez le plus ?
Aya Oda : C’est vrai que je préfère les jeunes filles énergiques, pleines de vie. Je ne créé pas ce type de personnages par hasard, c’est une démarche consciente.
Vous avez beaucoup de séries à votre actif et êtes devenue une mangaka très connue dans le shôjo. Un tel succès, qui dépasse les frontières, est-il flatteur ou effrayant ?
Aya Oda : Non, cela me fait très plaisir. Je suis d’ailleurs très contente d’être publiée à l’étranger, je dois dire que je n’avais pas du tout idée que j’aurais pu avoir un tel succès en France.
Avez-vous vu votre métier évoluer durant toutes ces années ?
Aya Oda : En ce qui me concerne, j’ai effectivement constaté des évolutions au cours du temps dans ma façon de réaliser les mangas. En l’occurrence, je suis notamment passée de la réalisation à la main à un travail entièrement digital.
Après une dizaine d’année de carrière dans le magazine Shôjo Comic, vous avez changé pour Petit Comic où vous proposez des titres plus adultes. Pouvez-vous nous parler de ce choix ?
Aya Oda : Pour commencer, j’ai moi-même pris de l’âge depuis mes débuts, et les fans qui me suivaient aussi. Je me suis donc réadaptée en passant au cran qui correspond à l’âge au-dessus. Mais si j’en ai l’occasion, je redescendrai peut-être dans la tranche d’âge du dessous, ce n’est pas inenvisageable.
Pouvez-vous nous parler de votre nouvelle série, Room Paradise ?
Aya Oda : Cela parle d’une jeune fille déçue, fatiguée par l’amour, et par la vie en général. Elle décide d’aller vivre seule et emménage dans un appartement pour célibataire. Finalement, une fois arrivée sur place, elle va faire une nouvelle rencontre et va accepter l’idée de retenter une aventure amoureuse. Le thème central, c’est cette nouvelle rencontre qui va la faire changer, et qui va faire changer le garçon aussi. Cela s’adresse principalement à des gens qui pourraient être fatigués de l’amour : s’ils peuvent vivre une expérience par procuration grâce à ce manga et en tirer quelques leçons, c’est fait pour leur redonner du courage. Le dernier chapitre est déjà paru au Japon et la série est terminée en 3 volumes.
Y a-t-il une part de vécu dans cette histoire ?
Aya Oda : Certainement dans quelques détails, mais globalement c’est quand même de la création.
D’une manière plus générale, quelles émotions souhaitez-vous donner aux lecteurs via vos mangas ?
Aya Oda : La plupart des histoires se terminent bien malgré tout, donc il y a une volonté de donner du rêve à travers mes œuvres, et de donner un message de courage à toutes les jeunes filles.
Vos histoires sont presque toujours réalistes. Est-ce un choix de votre part ou une demande de l’éditeur ? Aimeriez-vous un jour dessiner d’autres types d’histoires, voire même changer du genre shôjo pour un autre ?
Aya Oda : A la base, c’est moi qui décide des histoires, mais cela se fait en accord avec mon éditeur. Si j’avais l’occasion de dessiner quelque chose d’autre qu’une histoire d’amour, oui je me lancerais. Donc à l’occasion, pourquoi pas, mais dans l’immédiat je ne créerai pas de moi-même cette occasion.
Parmi vos nombreuses séries, avez-vous une préférence particulière et pourquoi ?
Aya Oda : Lovey Dovey ! Cette œuvre m’a particulièrement marquée, principalement car j’ai adoré dessiner les personnages. Cela m’a permis de dessiner une jeune fille très forte, ce que je n’avais jamais eu l’occasion de faire jusque-là.
Puisqu’on en parle, qu’est-ce que vous prenez le plus de plaisir à dessiner, et qu’est-ce qui est le plus compliqué ?
Aya Oda : Le plus agréable à dessiner, ce sont les jeunes hommes, et pour ce qui est du compliqué, ce sont les scènes d’action. Mais depuis que je suis passé au digital, j’ai plus de facilité à corriger et redessiner ces passages-là.
Est-ce que vous lisez d’autres mangas ? Quelles sont vos dernières lectures marquantes ?
Aya Oda : Oui j’en lis un petit peu, dans des genres très différents. Récemment, j’ai beaucoup aimé Chi - une vie de chat (sorti en France chez Glénat, NDR).
Si je vous offrais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour comprendre son génie, ou lui piquer des techniques ou autre, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Aya Oda : Chie Shinohara, dont je parlais au début et qui m’a beaucoup inspirée étant jeune, car c’est une auteur que je respecte beaucoup.
Merci !
Merci aux éditions Soleil Manga, notamment à Claire Ughes, et à Julie Gerriet pour la traduction.
Toutes les illustrations de l'article sont ©Aya Oda